Bruit profond de la mer, tu ceins tout le rivage du globe sombre, Étreint d'écume et de rumeur Apre autour du récif, dans la baie endormeur Commentant l'univers d'une glose sauvage. Quand le jeune élément, au soir du premier âge, Conçut l'énorme vie en son humble primeur De cet enfantement tu repris la clameur Il n'a jamais cessé de pleurer son ouvrage. Ah! pleure, larme immense, à la nuit, à l'écueil; Ta plainte est trop chétive encor pour un tel deuil Des fléaux du typhon, des hydres de la trombe, Flagelle tes flancs sourds, envieux de la tombe, Et nos maux, compteles, mère, sur les flots noirs De la première mort aux doutes de ces soirs.
Quatre mélodies , opus 28
by Charles Koechlin (1867 - 1950)
1. Sur la grève  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Robert, vicomte d'Humières (1868 - 1915), "Sur la Grève", written 1902, appears in Du désir aux destinées, in Fluctibus et Fatis, no. 11, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1902
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Automne  [sung text checked 1 time]
À pas lents, et suivis du chien de la maison, Nous refaisons la route à présent trop connue, Un pâle automne saigne au fond de l'avenue, Et des femmes en deuil passent à l'horizon. Comme dans un préau d'hospice ou de prison L'air est calme et d'une tristesse contenue, Et chaque feuille d'or tombe, l'heure venue, Ainsi qu'un souvenir, lente, sur le gazon. Le silence entre nous marche... Coeurs de mensonges, Chacun, las du voyage et mûr pour d'autres songes, Rêve égoistement de retourner au port... Mais les bois ont ce soir, tant de mélancolie Que notre coeur s'émeut à son tour, Et s'oublie à parler du passé sous le ciel qui s'endort, Doucement, à mivoix comme d'un enfant mort...
Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Automne", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Autumn", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
3. Accompagnement  [sung text checked 1 time]
Comme de longs cheveux peignés au vent du soir, L'odeur des nuits d'été parfume le lac noir ; Le grand lac parfumé brille comme un miroir. Le barque glisse dans le rêve, La rame tombe et se relève ; Ma barque glisse dans le ciel Dans le ciel immatériel ! Là-bas la lune écoute, accoudée au côteau, Le silence qu'exhale en glissant le bateau. Trois grands lys frais coupés meurent sur mon manteau... Vers tes lèvres, ô nuit voluptueuse et pâle, Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s'exhale ? Cheveux des nuits d'argent peignés aux longs roseaux... Comme la lune sur les eaux, Comme la rame sur les flots Mon âme s'effeuille en sanglots.
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It is based on
- a text in French (Français) by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Accompagnement", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- SPA Spanish (Español) (Alberto Bonati) , "Acompañamiento", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
4. Le Vaisseau  [sung text checked 1 time]
[En rêve, dans un rêve étrange]1, au temps des rêves, J’ai vogué sur les flots d’un océan sans grèves. Les vents étaient sans haine et l’hiver sans frimas : J’ai rencontré, vers l’aube, un grand vaisseau sans mâts. Énorme et bas, fleuri de fleurs d’or et de palmes, Il croisait lentement au milieu des mers calmes. Sous l’ennui bleu du ciel, au hasard des destins, Il cinglait vers des buts lointains, jamais atteints. Filant, puis revenant sur son propre sillage, Il refaisait sans fin son tranquille voyage. Le grand vaisseau sans mâts n’allait vers aucun port, [Et nul être vivant ne chantait à son bord]2. Il avait oublié les labeurs, les orgies, L’espoir, la guerre, et la douleur des nostalgies. Pilote, passagers, mousses et matelots, Tous dormaient, confiants dans la douceur des flots. Et la mer les berçait, berçait sur sa clémence, J’ai souhaité dormir dans cette paix immense. Et j’ai voulu monter [sur]3 le vaisseau perdu ; Et j’ai crié vers lui, mais rien n’a répondu. J’ai vu six lettres d’or sur sa plaque d’ivoire, Puis il s’en est allé… « Croire ! » Il s’appelait Croire.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Le Vaisseau", appears in L'Âme nue, in 2. La Vie intérieure, in 3. Le Soir, no. 4
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "The Vessel", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Edmond Haraucourt, L’Âme nue, Paris, G. Charpentier et Cie, éditeurs, 1885, page 224-225.
1 Koechlin: "En un rêve, en un rêve étrange"2 omitted by Koechlin
3 Koechlin: "vers"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]