La Voix du Rêve Fraîche et pure, la nuit succède au jour de flamme. La vierge du harem, comme un lys parfumé, Parmi les chants de fête, au désir ouvre l'âme, En appelant le bien-aimé. Lui soudain, des geôliers bravant le cimeterre, Au galop des chevaux l'emporte dans la nuit ; Et la Rose et Bulbul célèbrent le mystère Qui dans l'inconnu les conduit.
Nuit persane
Cantata by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921)
Note: the eleven pieces of this cantata are divided into four parts as follows: I. La Solitaire 1. Prélude (recited) 2. La Brise (chorus) 3. La Solitaire (contralto solo) 4. La Fuite (tenor solo and chorus) II. La Vallée de l'Union 5. Prélude (recited) 6. Au Cimetière (tenor solo) 7. Les Cygnes (contralto, tenor, chorus) III. Fleurs de Sang 8. Prélude (recited) 9. Sabre en main (tenor and chorus) IV. Songe d'Opium 10. Prélude (recited) 11. Tournoiement (tenor and chorus)
1. Prélude  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. La Brise  [sung text checked 1 time]
Comme des chevreaux piqués par un taon, Dansent les beautés du Zaboulistan. D'un rose léger sont teintés leurs ongles, Nul ne peut les voir, hormis leur sultan. Aux mains de chacune un sistre résonne ; Sabre au poing, se tient l'eunuque en turban Mais du fleuve pâle où le lys sommeille, Sort le vent nocturne, ainsi qu'un forban. Il s'en va charmer leurs cœurs et leurs lèvres, Sous l'œil du jaloux, malgré le firman. Ô Rêveur, sois fier. Elle a, cette brise, Pris tes vers d'amour pour son talisman.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "La brise", appears in Les nuits persanes, in 2. Gazals en N, first published 1870
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , "The breeze", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 37-38.
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3. La Solitaire  [sung text checked 1 time]
Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles, Cavalier pâle au regard de velours, Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes, Emporte-moi vers le ciel des amours. J'ai bien souvent, la nuit, sur ma terrasse, Versé des pleurs en te tendant les bras. Stérile effort ! C'est l'ombre que j'embrasse, Et mes sanglots, tu ne les entends pas. Pourtant le ciel m'a faite ardente et belle, Ma lèvre douce est comme un fruit vermeil ; J'ai dans la voix des chants de colombelle, Sur les cheveux un rayon de soleil. Mais enfermée et couverte de voiles, Dans un palais, je meurs loin du vrai bien. Pourquoi des fleurs et pourquoi des étoiles, Si mon cœur bat et si tu n'en sais rien ? Mon bien-aimé, terribles sont tes armes, Ton long fusil, ta lance, ton poignard, Et, plus que tout, tes yeux aux sombres charmes, Perçant un cœur avec un seul regard. Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles, À leur destin mon sort est ressemblant ; Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes, Joins mon cœur triste à ton butin sanglant.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Mélancolie", appears in Les nuits persanes, in 5. La solitaire, first published 1870
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- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 75-76.
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4. La Fuite  [sung text checked 1 time]
Ténor Hop ! nos chevaux rongent le mors ; L'un hennit, l'autre se cabre. Partons avec tous nos trésors, Toi tes yeux, et moi mon sabre. Avant que ton amour me prît, Vivre n'était qu'un vain rêve. Il faisait nuit dans mon esprit, Avec toi le jour se lève. Les Rossignols Nous, les Rossignols, doux chanteurs, Nous vous berçons, âmes enlacées ! Les Roses Nous, les fleurs aux molles senteurs, Nous parfumerons toutes vos pensées. Nos chevaux sont très-blancs, très-beaux, Avec des narines roses ; Laissant retentir leurs sabots, Nous nous dirons bien des choses. Fuyons, allons où tu voudras. Pour nos cœurs point de barrières ! Je te porterai dans mes bras, S'il faut passer des rivières. Les Rossignols et les Roses De vos ennemis Bravez la poursuite Ils sont endormis, Allez ! allez vite ! Vous touchez au nid Où, pour votre rêve, L'angoisse finit, Le bonheur se lève ! Ne crains ni les bois ni les monts ; Crois-en l'espoir dont je vibre. Nous sommes deux, nous nous aimons, Et devant nous est l'air libre ! Hop ! nos chevaux rongent le mors ; L'un hennit, l'autre se cabre. Partons avec tous nos trésors, Toi tes yeux, et moi mon sabre.
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It is based on
- a text in French (Français) by Armand Renaud (1836 - 1895), "Cavalcade", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 6. La vallée de l'union, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Prélude  [sung text checked 1 time]
La Voix du Rêve Parmi les souvenirs funèbres des ruines, Aux délices d'amour l'Orient se plaît mieux, Et pour lui la lueur des voluptés divines S'avive aux cendres des aïeux. Il se sent plus d'extase où dort plus de poussière ; Il trouve qu'en ce deuil les rêves sont plus beaux, Qu'on goûte mieux les fleurs, la joie et la lumière, Ayant à ses pieds des tombeaux. Aussi, qu'il leur est doux, l'amant avec l'amante, D'aller, au champ des morts, songer, seuls, tous les deux. Tandis que le jour baisse, et que la brise augmente, Dans le crépuscule autour d'eux !
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Au Cimetière  [sung text checked 1 time]
Assis sur cette blanche tombe Ouvrons notre cœur ! Du marbre, sous la nuit qui tombe, Le charme est vainqueur. Au murmure de nos paroles, Le mort vibrera ; Nous effeuillerons des corolles Sur son Sahara. S'il eut, avant sa dernière heure, L'amour de quelqu'un, Il croira, du passé qu'il pleure, Sentir le parfum. S'il vécut, sans avoir envie D'un cœur pour le sien, Il dira : J'ai perdu ma vie, N'ayant aimé rien. Toi, tu feras sonner, ma belle, Tes ornements d'or, Pour que mon désir ouvre l'aile Quand l'oiseau s'endort. Et sans nous tourmenter des choses Pour mourir après, Nous dirons : Aujourd'hui les roses, Demain les cyprès !
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Au cimitière", appears in Les nuits persanes, in 6. La vallée de l'union, first published 1870
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- ENG English (Laura Prichard) , "At the cemetery", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 102-103.
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7. Les Cygnes  [sung text checked 1 time]
Ton [âme]1 est un lac d'amour Dont mes désirs sont les cygnes. Vois comme ils en font le tour, Comme ils y creusent des lignes ! Voyageurs aventureux Ils vont, les ailes ouvertes. Rien n'est ignoré par eux, Des flots bleus aux îles vertes. [ ... ] Sans nombre sont ces oiseaux Que ton âme voit éclore. Combien déjà sur les eaux, Et combien à naître encore !4 Point de halte ! à tout moment, D'arrivants le bord se charge. Ceux d'hier pensivement S'en vont alors vers le large. [ ... ] Et [dans un accord]5 béni, Sur ce cristal d'eau sans brumes, On entend à l'infini Frissonner au vent des plumes.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Les Cygnes", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 6. La vallée de l'union, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1870
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- ENG English (Laura Prichard) , "The Swans", copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 110-111.
1 Saint-Saëns: "cœur"2 Hahn: "Les autres, muets"
3 Hahn: "Ont comme"
4 Hahn:
Ton âme est un lac d'amour Dont mes désirs sont les cygnes. Vois comme ils en font le tour de ton âme!5 Saint-Saëns: "sur ce miroir"
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8. Prélude  [sung text checked 1 time]
La Voix du Rêve De l'enivrant amour combien courte est l'ivresse ! Du temps, dans leur extase, ils oubliaient le cours, Quand la mort à l'amant vint ravir sa maîtresse, Et le laissa seul pour toujours. Lui, dans son désespoir, prit l'univers en haine ; Et soldat sans pitié, fléau toujours vainqueur, Il se mit à broyer la multitude humaine, Sans combler le vide en son cœur.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895) [an adaptation]
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]9. Sabre en main [sung text checked 1 time]
Note: this is a multi-text setting
J'ai mis à mon cheval sa bride, Sa bride et sa selle d'or ; Tous les deux, par le monde aride, Nous allons prendre l'essor. J'ai le cœur froid, l'œil sans vertige. Je n'aime et je ne crains rien. Au fourreau, mon sabre s'afflige. Qu'il sorte et qu'il frappe bien ! Le turban autour de la tête, Sur mon dos le manteau blanc, Je veux m'en aller à la fête Où la mort danse en hurlant ; Où, la nuit, on brûle les villes, Tandis que l'habitant dort, Où, pour les multitudes viles, On est grand quand on est fort. Je veux qu'à mon nom les monarques Tiennent leur tête à deux mains, Que mon sabre enlève les marques Du joug au front des humains. Je veux que l'essaim de mes tentes, De mes chevaux aux longs crins, Que mes bannières éclatantes, Mes piques, mes tambourins Soient sans nombre comme la horde Des mouches, quand il fait chaud, Qu'à mes pieds l'univers se torde, Comprenant le peu qu'il vaut !
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Sabre en main", appears in Les nuits persanes, in 7. Fleurs de sang, first published 1870
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- ENG English (Laura Prichard) , "Saber in hand", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 117-118.
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Chœur Ma paupière étant assoupie, J'ai vu l'ange au glaive de feu M'apparaître envoyé par Dieu. Il m'a dit: « Tout sceptre est impie. « Que la servitude s'expie ! « Je suis l'âme, sois l'instrument. « Va, massacrant et consumant « Aveuglément ! »
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. Prélude  [sung text checked 1 time]
La Voix du Rêve Mais, au sein du triomphe, un souvenir le dompte. De plus en plus la voix de celle qu'il perdit Résonne en sa mémoire où le délire monte, Et toujours sa douleur grandit. Contralto-Solo (Dans le lointain) Assis sur cette blanche tombe, Ouvrons notre cœur ! Du marbre, sous la nuit qui tombe, Le charme est vainqueur. La Voix du Rêve Aussi, brisant son glaive, il se joint aux derviches Qui s'en vont mendier par les chemins poudreux, Mais qui, par l'opium, plus que les rois sont riches, Ayant l'illusion pour eux. Et la pâle Chimère absorbe sa pensée ; L'insidieux Vertige au joug l'assujettit ; Et par les visions sa folie est bercée. Et son être s'anéantit.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895)
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Note: the second stanza comes from the first stanza of Au Cimitière.
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11. Tournoiement  [sung text checked 1 time]
Sans que nulle part je séjourne, Sur la pointe du gros orteil, Je tourne, je tourne, je tourne, À la feuille morte pareil ; Comme à l'instant où l'on trépasse, La terre, l'océan, l'espace, Devant mes yeux troublés tout passe, Jetant une même lueur ; Et ce mouvement circulaire, Toujours, toujours je l'accélère, Sans plaisir comme sans colère, Frissonnant malgré ma sueur. Dans les antres où l'eau s'enfourne, Sur les inaccessibles rocs, Je tourne, je tourne, je tourne, Sans le moindre souci des chocs. Dans les forêts, sur les rivages; À travers les bêtes sauvages, Et leurs émules en ravages, Les soldats qui vont sabre au poing, Au milieu des marchés d'esclaves, Au bord des volcans pleins de laves, Chez les Mogols et chez les Slaves, De tourner je ne cesse point. Soumis aux lois que rien n'ajourne, Aux lois que suit l'astre en son vol, Je tourne, je tourne, je tourne ; Mes pieds ne touchent plus le sol. Je monte au firmament nocturne ; Devant la lune taciturne, Devant Jupiter et Saturne, Je passe avec un sifflement, Et je franchis le Capricorne, Et je m'abîme au gouffre morne De la nuit complète et sans borne Où je tourne éternellement.
Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Tournoiement", appears in Les nuits persanes, in 10. Songes d'opium, , first published 1870
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- ENG English (Laura Prichard) , "Inebriation", subtitle: "Opium dream", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 189-191.
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