by Plato (428?7 BCE - 348?7 BCE)
Translation by Victor Cousin (1792 - 1867)
Bords de L'Ilissus (Phèdre)
Language: French (Français)  after the Greek (Ελληνικά)
SOCRATE: Détournons-nous un peu du chemin, et, s'il te plaît, descendons le long des bords de l'Ilissus. Là nous troverons une place solitaire pour nous asseoir où tu voudras. PHÈDRE: Je m'applaudis en vérité d'être sorti aujourd'hui sans chaussure, car pour toi c'est ton usage. Qui donc empêche de descendre dans le courant même, et de nous baigner les pieds tout en marchant? Ce serait un vrai plaisir, surtout dans cette saison et à cette heure du jour. SOCRATE: Je le veux bien; avance donc et cherche en même temps un lieu pour nous asseoir. PHÈDRE: Vois-tu ce platane élevé? SOCRATE: Eh bien? PHÈDRE: Là nous trouverons de l'ombre, un air frais, et du gazon qui nous servira de siège, ou même de lit si nous voulons. SOCRATE: Va je te suis. PHÈDRE: Dis-moi, Socrate, n'est ce pas ici quelque part sur les bords de l'Ilissus que Borée enleva, dit on, la jeune Orithye? SOCRATE: On le dit. PHÈDRE: Mais ne serait ce pas dans cet endroit même? Car l'eau y est si belle, si claire et si limpide, que des jeunes filles ne pouvaient trouver un lieu plus propice à leurs jeux. SOCRATE: Ce n'est pourtant pas ici, mais deux ou trois stades plus bas, là où l on passe le fleuve. On y voit même un autel consacré à Borée. PHÈDRE: Je ne me le remets pas bien. Mais dis-moi, de grâce, crois tu donc à cette aventure fabuleuse? SOCRATE: Mais si j'en doutais, comme les savans, je ne serais pas fort embarrassé; je pourrais subtiliser, et dire que le vent du nord la fit tomber d'une des roches voisines, quand elle jouait avec Pharmacée, et que ce genre de mort donna lieu de croire qu'elle avait été ravie par Borée; ou bien je pourrais dire qu'elle tomba du rocher de l'Aréopage, car c'est là que plusieurs transportent la scène... ...Mais à propos, n'est-ce point là cet arbre où tu nous conduis? PHÈDRE: C'est lui même. SOCRATE: Par Junon, le charmant lieu de repos! Comme ce platane est large et élevé! Et cet agnus-castus, avec ses rameaux élancés et son bel ombrage, ne dirait on pas qu'il est tout en fleur pour embaumer l'air? Quoi de plus gracieux, je te prie, que cette source qui coule sous ce platane, et dont nos pieds attestent la fraîcheur? Ce lieu pourrait bien être consacré à quelque nymphe et au fleuve Achéloüs, à en juger par ces figures et ces statues. Goûte un peu l'air qu on y respire: est-il rien de plus suave et de si délicieux? Le chant des cigales a quelque chose d'animé et qui sent l'été. J'aime surtout cette herbe touffue qui nous permet de nous étendre et de reposer mollement notre tète sur ce terrain légèrement incliné. Mon cher Phèdre, tu ne pouvais mieux me conduire.
Authorship:
- by Victor Cousin (1792 - 1867) [author's text not yet checked against a primary source]
Based on:
- a text in Greek (Ελληνικά) by Plato (428?7 BCE - 348?7 BCE), appears in Φαῖδρος (Phaedrus) [text unavailable]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Alfred Erik Leslie Satie (1866 - 1925), "Bords de L'Ilissus (Phèdre)", published 1919 [ voice and orchestra ], from Socrate. Drame Symphonique en trois parties avec voix sur des dialogues de Platon, no. 2 [sung text checked 1 time]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2023-06-22
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