by Maurice Bouchor (1855 - 1929)
Librement mon cœur se dilate
Language: French (Français)
I Librement mon cœur se dilate Et s'épanouit au soleil ; La douceur du matin vermeil, La splendeur du soir écarlate, La tranquillité des midis, Là-bas, dans les forêts prochaines, Et le sommeil au pied des chênes, Sur des lits de mousse attiédis ; Enfin, la vie heureuse et douce Va me bercer entre ses bras, Tandis que moi, franc d'embarras, J'écouterai l'herbe qui pousse. Je pourrai donc, libre et rêvant, Être joyeusement poète! Avec le cri de l'alouette Tous mes vers s'en iront au vent, Au vent frais qui, sous les ramures, S'en va mêlant, parmi les fleurs, La chanson des oiseaux siffleurs Et le parfum des fraises mûres. II Un coin de paysage exquis : d'étroits sentiers Serpentant par les blés tout verts que le vent ploie, Puis se perdant parmi les buissons d'églantiers, Jusqu'au bois chevelu qui lentement ondoie. Après avoir marché sous le grand soleil d'or, Dans la plaine sans ombre où l'on baisse la tète, On arrive aux forêts dont le murmure endort, Et, le front en sueur, quelque temps l'on s'arrête. La tète renversée, et les bras sous le cou, Couché dans le gazon, si quelquefois on lève Les yeux pour regarder au loin, je ne sais où, À l'horizon qui prend l'aspect vague d'un rêve, Lentement, lentement, jusq'aux bords du ciel bleu, Le champ de blé comme un océan se déroule, Et les coquelicots ardents, couleur de feu, Font une rouge écume à cette verte houle. D'autre fois, le regard entrevoit le soleil A travers un tissu de lumineux feuillages, Et, vacillant dans les ivresses du sommeil, Notre âme par l'azur fait d'étranges voyages. III [Mais]1 ma bien-aimée est la fleur des fleurs, L'oiseau des oiseaux, le rêve des rêves, Qui fait, dans [le]2 bois, palpiter les sèves, Et fondre d'amour la rosée en pleurs. Et ma bien-aimée embellit les choses ; Sa voix fait plus doux les rossignolets, Et ses grands cheveux, légers et follets, Ravivent encor le parfum des roses. Et quand, à travers les feuilles, je vois La blonde aux yeux bleus, en claire toilette, Simple et douce, ainsi qu'une violette, Je crois voir passer l'âme des grands bois.
E. Chausson sets stanzas 11-13
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About the headline (FAQ)
View original text (without footnotes)1 Chausson: "Oh !"
2 Chausson and Gédalge: "les"
Authorship:
- by Maurice Bouchor (1855 - 1929), no title, appears in Les chansons joyeuses - poésies, in Dans la forêt, no. 2 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Ernest Amédée Chausson (1855 - 1899), "L'âme des bois", 1877, published 1878, stanzas 11-13 [ high voice and piano ], from Deux Poèmes de Bouchor, no. 2, Éd. Durand-Schoenewerk [sung text checked 1 time]
- by André Gédalge (1856 - 1926), "Épanouissemment", op. 22 no. 1 (1902), published 1903?, stanzas 1-5 [ high voice and piano ], from Dans la forêt - Poèmes de Maurice Bouchor, no. 1, Paris: Enoch & Cie. [sung text checked 1 time]
- by André Gédalge (1856 - 1926), "Ma bien-aimée", op. 22 no. 2 (1902), published 1903?, stanzas 11-13 [ high voice and piano ], from Dans la forêt - Poèmes de Maurice Bouchor, no. 2, Paris: Enoch & Cie. [sung text checked 1 time]
Researcher for this page: Ferdinando Albeggiani
This text was added to the website: 2007-11-23
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