Dans le mortel soupir de l'automne, qui frôle
Au bord du lac les joncs frileux,
Passe un murmure éteint : C'est l'eau triste et le saule
Qui se parlent entre eux.
Le saule : » Je languis, vois! ma verdure tombe
Et jonche ton cristal glacé ;
Toi qui fus la compagne, aujourd'hui sois la tombe
De mon printemps passé.«
Il dit. La feuille glisse et va remplire l'eau brune.
L'eau répond : » Ô mon pâle amant,
Ne laisse pas ainsi tomber une par une
Tes feuilles lentement ;
» Ce baiser me fait mal, autant, je te l'assure,
Que [les coups]1 des avirons lourds ;
Le frisson qu'il me donne est comme une blessure
Qui s'élargit toujours.
[ ... ]
» Que ce tressaillement rare et long me tourmente!
Pourquoi m'oublier peu à peu ?
Secoue en une fois, cruel, sur ton amante
Tes baisers d'adieu! «
Poèmes d'automne
Song Cycle by Charles Koechlin (1867 - 1950)
1. Déclin d'amour  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Déclin d'amour", written 1866-1869, appears in Les Solitudes, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1869
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Decline of love", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Erkaltende Liebe", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
1 Koechlin: "le coup"
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2. Les Rêves morts  [sung text checked 1 time]
Vois ! cette mer si calme a comme un [lourd bélier]1, Effondré tout un jour le flanc des promontoires. Escaladé par bonds leur fumant escalier, Et versé sur les rocs qui hurlent sans plier, Le frisson écumeux des longues houles noires... Un vent frais, aujourd'hui, palpite sur les eaux; La beauté du soleil monte et les illumine Et, vers l'horizon pur où nagent les vaisseaux De la côte azurée, un tourbillon d'oiseaux S'échappe en arpentant l'immensité divine; Mais parmi les varechs, aux pointes des îlots Ceux qu'a brisés l'assaut sans frein de la tourmente, Livides et sanglants sous la lourdeur des flots, La bouche ouverte encore et pleine de sanglots, Dardent leurs yeux hagards, a travers l'eau dormante. Ami, ton coeur profond est tel que cette mer Qui sur le sable fin déroule ses volutes. Un peu plus animé. Il a pleuré, rugi contre l'abîme amer Il s'est rue cent fois contre des rocs de fer Tout un long jour d'ivresse et d'effroyables luttes! Maintenant, il reflue, il s'apaise, il s'abat. Sans peur et sans désir que l'ouragan renaisse Sous l'immortel soleil c'est à peine s'il bat. Mais génie, espérance, amour, force et jeunesse, Sont là, morts, dans l'écume et le sang du combat...
Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Les Rêves morts", written 1864?, appears in Poèmes barbares, first published 1864
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Dead Dreams", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Die toten Träume", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
First appeared in La Revue contemporaine, June 30, 1864, and later in Poèmes barbares, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, 1872.
1 Koechlin: "bouclier"Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Le nénuphar  [sung text checked 1 time]
L’air s’embrume : les joncs, roux comme de vieux os, Encadrent l'étang noir qui dort sous le silence. L’eau plate luit dans une opaque somnolence Où le ciel renversé fait glisser des oiseaux. Et là-bas, loin des bords gluants, loin des roseaux, Seul, bercé dans sa fière et souple nonchalance, Un Nénuphar, splendeur nageante, se balance, Tout blanc sur la noirceur immobile des eaux. — Ainsi, tu t’ouvriras peut-être, un soir d’automne, Ô mon suprême amour, espoir d’un cœur atone, Fleur triste et froide éclose au lac de mes ennuis. Et le chaste parfum de ta corolle pâle Montera dans le calme insondable des nuits, Avec le dernier cri de ma douleur qui râle.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Le nénuphar", written 1885, appears in L'Âme nue, in 2. La Vie intérieure, in 3. Le Soir, no. 25, Éd. Fasquelle, first published 1885
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "The Water Lily", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Die Wasserlilie", copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
4. L'Astre rouge  [sung text checked 1 time]
Sur les continents morts, les houles léthargiques Où le dernier frisson d'un monde a palpité S'enflent dans le silence et dans l'immensité Et le rouge Sahil, du fond des nuits tragiques, Seul flambe et darde aux flots son œil ensanglanté. Par l'espace sans fin des solitudes nues, Ce gouffre inerte, sourd, vide, au néant pareil Sahil, témoin suprême et lugubre soleil, Qui fait la mer plus morne et plus noires les nues, Couve d'un œil sanglant l'universel sommeil ! Génie, amour, douleur, désespoir, haine, envie, Ce qu'on rêve, ce qu'on adore et ce qui ment, Terre et ciel, rien n'est plus de l'antique moment ! Sur le songe oublié de l'homme et de la vie, L'œil rouge de Sahil saigne éternellement.
Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "L'Astre rouge", written 1884?, appears in Poèmes tragiques, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1884
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]