J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est perdre en désirs le temps du bonheur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les plaisirs passés ? J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez de tant de tristesse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est à chaque pas trouver la douleur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez Ce n'est point assez de tant de tristesse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les chagrins passés ?
12 mélodies
Song Cycle by Eduard Lassen (1830 - 1904)
1. Chanson  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Louis Charles Alfred de Musset (1810 - 1857), "Chanson : J'ai dit à mon cœur...", appears in Premières poésies
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. L'Empressement  [sung text not yet checked]
C'est moi qui choisis, dans les roses, La plus belle rose pour toi ; Devant l'asile où tu reposes, Qui passe à toute heure?... c'est moi. C'est moi qui t'aime avec délire ; Mais c'est même un secret pour toi ; Et si l'on ose te le dire, Ce n'est pas moi. C'est moi qui dis que tes compagnes Ont peu de charmes près de toi ; Dans nos salons, dans nos campagnes, Qui te cherche toujours?... c'est moi. C'est moi qui cours, qui cours bien vite, Pour être au bal même avant toi ; Si quelqu'un reste après ta fuite, Ce n'est pas moi. C'est moi qui n'ai qu'une espérance, C'est d'être un jour compris par toi ; Et méconnu, dans ma souffrance, Qui t'aimerait encor ?... c'est moi. C'est moi qui te serai fidèle ; Et si quelqu'un vit loin de toi, Vengé par une amour nouvelle, Ce n'est pas moi.
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "L'empressement", appears in Tableaux poétiques, Paris, Urbain Canel , first published 1834
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Le Passé  [sung text not yet checked]
Que j'ai souffert dans mes jeunes années, Quand je croyais aux longs enchantemens ! Que j'ai souffert aux heures fortunées, Lorsque ma joie était dans mes tourmens ! Tout est fini maintenant, et j'oublie, J'oublie un nom que je disais tout bas : Racontez-moi ce qu'on fait dans la vie ; Je ne vis plus, car je ne souffre pas. Le soir encore, à travers la vallée, Voit-on passer, dans la blanche vapeur, Comme autrefois, une femme voilée Qui n'est pas seule, et dit pourtant : J'ai peur ! Sont-ils troublés quand leur âme est ravie? Des pas jaloux poursuivent-ils leurs pas ? Racontez-moi ce qu'on fait dans la vie ; Je ne vis plus, car je ne soufire pas. Prépare-t-on une chaîne inflexible Pour retenir de légères amours? Comme autrefois croit-on que c'est possible, Comme autrefois se trompe-t-on toujours? La jeune fille est-elle poursuivie Par des remords après de longs combats ? Racontez-moi ce qu'on fait dans la vie ; Je ne vis plus, car je ne souffre pas. Près de l'autel où l'encens s'évapore, Va-t-on prier pour des êtres chéris ? Et s'aime-t-on, et s'écrit-on encore, Et les billets sont-ils toujours surpris ? Un mot charmant donne-t-il la folie? Un mot cruel donne-t-il le trépas? Racontez-moi ce qu'on fait dans la vie ; Je ne vis plus, car je ne souffre pas. Est-il encor, sous des gazes discrètes, Des yeux d'azur, de longs cheveux dorés, De douces voix et des bouches muettes, Et des adieux et des coeurs déchirés? Puis des talens, et toujours de l'envie ; Puis des bienfaits, et toujours des ingrats? Racontez-moi ce qu'on fait dans la vie ; Je ne vis plus, car je ne souffre pas.
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "Le passé", appears in Tableaux poétiques, Paris, Urbain Canel, first published 1834
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Peppa  [sung text not yet checked]
J'aime Peppa, mon Espagnole, Mon Espagnole à l'œil plus clair Que le bronze de l'espingole, Oh! ma Peppa, dont le pied vole Jetant des paillettes en l'air ; Ange entouré d'une auréole Qui consume comme l'éclair. Mon amoureuse de Valence Cache son front sous un réseau ; Son col ploie avec indolence ; Au moindre accord elle s'élance, Chante et bondit : -- c'est un oiseau ; Et son corps dans l'air se balance Comme sur la vague un vaisseau. A la fête qui la réclame, Elle court d'un air triomphant. Toute modeste dans son âme, Elle a les façons d'une dame. Elle aime ce qu'on lui défend, Et joint à ses grâces de femme Des caprices... comme un enfant. Elle a des rêves sur sa couche Purs comme un lis en sa couleur, Une innocence qu'effarouche Le chaste regard qui la touche, Un sourire dans sa douleur, Et des paroles sur sa bouche, Qu'on respire comme une fleur. Peut-elle craindre qu'on lui mente? Aucune amour ne la trompa ! Mais moi... d'hier je me tourmente, Hier je la vis si charmante, Qu'un soupçon au cœur me frappa : Un poignard reluit sous la mante De ton jeune époux... ma Peppa.
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "Peppa", appears in Les prismes poétiques, Paris, Allardin, first published 1838
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. L'Adolescence  [sung text not yet checked]
Déjà te voilà belle et grande, Les jeux cessent de te charmer ; Avant que l'amour te demande, Ton jeune cœur jure d'aimer ; Et ta bouche avec un "sourire, Redit ce serment passager ; Ta voix le confie à ta lyre, Et ta lyre au zéphyr léger. Voilà qu'il vient l'âge des belles, Ils vont venir les beaux amans, Ils jureront d'être fidèles, Tu souriras à leurs sermens ; Mais les sermens et le sourire Sont comme ces chants passagers Que ta voix confie à ta lyre, Et ta lyre aux zéphyrs légers. Quand tu connaîtras nos alarmes ; Quand tu connaîtras nos amours, Quand tu sauras toutes les larmes Des jours qu'on nomme nos beaux jours ; Alors, oseras-tu redire Ces chants, ces sermens passagers, Que ta voix confie à ta lyre, Et ta lyre aux zéphyrs légers ?
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "L'adolescence", appears in Tableaux poétiques, Paris, Urbain Canel, first published 1834
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. La Crainte  [sung text not yet checked]
Je pleure quand je suis heureuse, J'ai bien raison d'être peureuse, J'ai bien raison de m'alarmer ; Ma joie est triste et douloureuse : Ah ! j'ai peur, j'ai peur de l'aimer. J'entends dans les bruits du zéphyre, J'entends dans les sons de ma lyre, Des voix qui semblent le nommer ; Et son nom, je n'ose le dire ; Ah ! j'ai peur, j'ai peur de l'aimer. Quand près de lui, jeune et modeste, Une femme au regard céleste Le charme, ou paraît le charmer; Dans mon dépit je le déteste... Ah ! j'ai peur, j'ai peur de l'aimer.
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "La crainte", appears in Tableaux poétiques, Paris, Urbain Canel, first published 1834
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Le Pêcheur  [sung text not yet checked]
Quand vient la nuit, au doux mystère, La nuit propice aux matelots, Je pars gaîment, je fuis la terre Plus orageuse que les flots. Dans le ciel et dans l'onde même J'aperçois mon étoile, et j'espère toujours; Je gouverne, je chante et j'aime Ma nacelle, ma rame et mes jeunes amours. Je me fie à l'eau lente et vive ; A terre je laisse les pleurs ; Le buisson, que retient la rive, Jette sur moi toutes ses fleurs. Dans le ciel et dans l'onde même J'aperçois mon étoile, et j'espère toujours ; Je gouverne, je chante et j'aime Ma nacelle, ma rame et mes jeunes amours. Sur toi ma voile étend sa voûte ; Belle, aucun pas ne nous poursuit ; Et si, là-bas, on nous écoute, De ma rame on entend le bruit. Dans le ciel et dans l'onde même J'aperçois mon étoile, et j'espère toujours ; Je gouverne, je chante et j'aime Ma nacelle, ma rame et mes jeunes amours.
Authorship:
- by (Bernard Marie) Jules, le comte de Rességuier (1788 - 1862), "Le pêcheur", appears in Tableaux poétiques, Paris, Urbain Canel, first published 1834
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]8. Rayons de Printemps
Instinct capricieux, doux penchant, tendre rêve . . . . . . . . . .— The rest of this text is not
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Authorship:
- by Edouard Turquety (1807 - 1867), "Rayons de Printemps", written 1833?, appears in Amour et Foi, no. 9, Rennes, Éd. Molliex, Libraire-éditeur, first published 1833
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9. L'Idéal  [sung text not yet checked]
Hôtes des jeunes cœurs, beaux enfants des Génies, Allez jouer plus loin, allez sourire ailleurs ! Les cordes de ma voix n'ont plus pour harmonies Que des tristesses et des pleurs. Chers anges du matin éclos dans les rosées, Nos lèvres d'homme, hélas ! pour vous n'ont plus de miel ; Et vos ailes d'azur, de larmes arrosées, Ne nous porteraient plus au ciel. Il faut aux cœurs saignants des anges plus austères, Pâles, vêtus de deuil, voilés de demi-jour, Et plongeant en silence au fond de nos mystères Un rayon doux comme l'amour. Ces fantômes du cœur ont des accents de femme; Sous de longs cheveux noirs ils dérobent leurs traits ; Ils vous disent tout bas, dans la langue de l'âme, De tristes et divins secrets. Nul ne connaît leur nom, nul n'a vu leur visage ; Ils s'attachent au cœur comme l'ombre à nos pas. Est-ce un être réel ? est-ce un divin mirage Du bonheur qu'on pressent là-bas ? Qu'importe ? Ciel ou terre, ange ou femme, ombre ou rêve, Quelque nom qui te nomme, il est divin pour moi. Que la terre l'ébauche et que le ciel l'achève Le nom sublime qui dit, Toi !
Authorship:
- by Alphonse Marie Louis de Lamartine (1790 - 1869), "L'Idéal", subtitle: "À M. de Musset, en réponse à ses vers sur une page représentant des Génies Enfants", written >>1833, appears in Méditations poétiques
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. La Vieille d'Amalfi  [sung text not yet checked]
Quand assise à douze ans à l’angle du verger, Sous les citrons en fleurs ou les amandiers roses, Le souffle du printemps sortait de toutes choses, Et faisait sur mon cou mes boucles voltiger, Une voix me parlait si douce au fond de l’ame, Qu’un frisson de plaisir en courait sur ma peau ; Ce n’était pas le vent, la cloche, le pipeau, Ce n’était nulle voix d’enfant, d’homme ou de femme ; C’était vous ! c’était vous, ô mon Ange gardien, C’était vous dont le cœur déjà parlait au mien ! Quand plus tard mon fiancé venait de me quitter, Après des soirs d’amour au pied du sycomore, Quand son dernier baiser retentissait encore Au cœur qui sous sa main venait de palpiter, La même voix tintait long-temps dans mes oreilles, Et sortant de mon cœur m’entretenait tout bas ; Ce n’était pas sa voix ni le bruit de ses pas, Ni l’écho des amans qui chantaient sous les treilles ; C’était vous ! c’était vous, ô mon Ange gardien, C’était vous dont le cœur parlait encore au mien ! Quand jeune et déjà mère autour de mon foyer J’assemblais tous les biens que le ciel nous prodigue, Qu’à ma porte un figuier laissait tomber sa figue Aux mains de mes garçons qui le faisaient ployer, Une voix s’élevait de mon sein tendre et vague, Ce n’était pas le chant du coq ou de l’oiseau, Ni des souffles d’enfans dormant dans leur berceau, Ni la voix des pêcheurs qui chantaient sur la vague ; C’était vous ! c’était vous, ô mon Ange gardien, C’était vous dont le cœur chantait avec le mien ! Maintenant je suis seule et vieille à cheveux blancs, Et le long des buissons abrités de la bise, Chauffant ma main ridée au foyer que j’attise, Je garde les chevreaux et les petits enfans ; Cependant dans mon sein la voix intérieure M’entretient, me console et me chante toujours ; Ce n’est plus cette voix du matin de mes jours, Ni l’amoureuse voix de celui que je pleure, Mais c’est vous, oui, c’est vous, ô mon Ange gardien, Vous dont le cœur me reste et pleure avec le mien.
Authorship:
- by Alphonse Marie Louis de Lamartine (1790 - 1869), no title
Based on:
- a text in Italian - Calabrian by Anonymous/Unidentified Artist [text unavailable]
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Confirmed with Revue des Deux Mondes, période initiale, tome 1, 1834 (p. 682-693), in Alphonse de Lamartine's article "Destinées de la poésie"
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11. Le Moulin de Milly  [sung text not yet checked]
Le chaume et la mousse Verdissent le toit ; La colombe y glousse, L'hirondelle y boit ; Le bras d'un platane Et le lierre épais Couvrent la cabane D'une ombre de paix. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... Une verte pente Trace les sentiers Du flot qui serpente Sous les noisetiers ; L'écluse champêtre L'arrête au niveau, Et de la fenêtre La main touche l'eau. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... Le soir, qui s'épanche D'en haut sur les prés, Du coteau qui penche Descend par degrés ; Sur le vert plus sombre, Chaque arbre à son tour Couche sa grande ombre A la fin du jour. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... De sa sombre base, Le blanc peuplier Elève son vase Au ciel sans plier ; De sa flèche il plonge Dans l'éther bruni, Comme un divin songe Monte à l'Infini. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... La rosée en pluie Brille à tout rameau ; Le rayon essuie La poussière d'eau ; Le vent, qui secoue Les vergers flottants, Fait sur notre joue Neiger le printemps. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... Sous la feuille morte Le brun rossignol Niche vers la porte, Au niveau du sol ; L'enfant qui se penche Voit dans le jasmin Ses œufs sur la branche, Et retient sa main. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !... L'onde qui s'élance, Égale et sans fin, Fait battre en cadence Le pont du moulin ; A chaque mesure On croit écouter Sous cette nature Un cœur palpiter. Ma sœur, que de charmes !... Et devant cela Tu n'as que des larmes ? -- Ah ! s'il était là !...
Authorship:
- by Alphonse Marie Louis de Lamartine (1790 - 1869), "Le moulin de Milly", subtitle: "Strophes à chanter", written 1845, appears in Harmonies poétiques et religieuses, in Pièces ajoutées, no. 1
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Mlýn Millský", Prague, first published 1877
12. Pastel  [sung text not yet checked]
J'aime à vous voir en vos cadres ovales, Portraits jaunis des belles du vieux temps, Tenant en main des roses un peu pâles, Comme il convient à des fleurs de cent ans. Le vent d'hiver, en vous touchant la joue, A fait mourir vos oeillets et vos lis, Vous n'avez plus que des mouches de boue Et sur les quais vous gisez tout salis. Il est passé, le doux règne des belles; La Parabère avec la Pompadour Ne trouveraient que des sujets rebelles, Et sous leur tombe est enterré l'amour. Vous, cependant, vieux portraits qu'on oublie, Vous respirez vos bouquets sans parfums, Et souriez avec mélancolie Au souvenir de vos galants défunts.
Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Pastel", appears in La Comédie de la Mort, first published 1838
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